[bleu]Voici le témoignage d’une collègue AVS qui relaie les difficultés de sa vie professionnelle au quotidien. Ce courrier envoyé en 2016 à l’Inspection Académique reste à ce jour sans réponse…

Je profite de cette occasion qui m’est offerte pour vous faire part de mes remarques sur la fonction d’AESHi que j’exerce pour la quatrième année.
Licenciée en sciences de l’éducation et titulaire du diplôme universitaire ABA, j’ai chaque jour le sentiment d’exploiter pleinement les connaissances et compétences acquises lors de ma formation universitaire mais également de les nourrir.
Pourtant, ce sentiment s’accompagne inévitablement de la frustration de s’épanouir dans le cadre étroit d’une fonction et non d’un métier.
Je m’investis professionnellement afin de permettre, à l’élève auprès duquel je suis affectée, de réussir au mieux son intégration scolaire et sociale en milieu ordinaire. C’est là l’illustration de mes convictions personnelles devenues pilier de ma motivation dans l’exercice de ma fonction.
Pour que cette fonction prenne tout son sens et honore la loi du 11 février 2005, il est essentiel, selon moi, d’y inclure des temps d’échanges avec l’équipe éducative qui entoure l’élève concerné, ce de
manière formelle et, par extension, incluse dans le temps de travail de l’AESHi. En effet, c’est en grande partie de ces moments de dialogues et de réflexions que dépend la réussite de l’inclusion de l’élève en situation de handicap.
Le ministère de l’éducation nationale a reconnu le caractère indispensable du travail d’équipe pour ses professeurs. Il serait bénéfique pour l’ensemble des acteurs de l’inclusion du handicap en milieu ordinaire, de considérer les AESH comme collègue à part entière et cette considération passe par la reconnaissance et la rémunération de l’ensemble des temps de collaboration.
Mon employeur m’a donné un objectif officiel : aider à la réussite de l’inclusion d’un élève, souffrant de troubles autistiques. Pourtant, depuis ma prise de poste, j’ai le sentiment qu’à l’ombre de celui-ci
se cache un second objectif : aider à la réussite de l’inclusion des AESH au sein de l’éducation nationale. Employeur qui ne semble ni connaitre ni se soucier de mes difficultés et réussites sur le terrain de son école publique. Je n’ai reçu, depuis septembre 2013, aucune proposition de visite ou d’entretien de la part de l’inspection académique. Ce sentiment de solitude et d’isolement est partagé par l’équipe enseignante, trop souvent démunie face à la découverte et la gestion du handicap.
A 33 ans, après huit années d’études supérieures, deux licences, un diplôme universitaire et sept années d’expériences professionnelles dans le premier degré au sein de l’éducation nationale, c’est avec passion et engagement que j’exerce au titre d’AESHi. Pourtant, ce « métier » qui me permet de mettre au service de l’état les compétences et connaissances acquises à l’université, semble ne pas être considéré par l’état lui-même.
En effet, pour les AESHi, le temps partiel est imposé et le manque de visibilité aussi. Il nous faut accepter les affectations à l’échelle départementale, couvrant tous niveaux scolaire, tous types de handicap et ce, durant six années de contrat à durée déterminée de douze mois. C’est seulement à la suite de ces six années qu’un contrat à durée indéterminée peut nous être proposé. Cet éventuel CDI tant attendu sera alors calqué sur les conditions du dernier CDD.
Lors de mon premier renouvellement, j’ai dû me déplacer à la DASEPE entre le 25 et le 30 août pour savoir si je devais ou non, me rendre à l’école le 1er septembre suivant, dans quel établissement, pour quel élève et pour combien d’heures. Il m’a été demandé de prendre fonction dès le premier jour d’école mais d’attendre plusieurs semaines avant de découvrir mon nouveau contrat, mon changement d’appellation et ma baisse de salaire (moins 50€ mensuel par rapport à l’année précédente).
Aujourd’hui, je cumule deux temps partiels et une activité d’autoentrepreneur. Je passe 36 heures par semaine face aux élèves dont 24 en tant qu’AESHi. Ma fiche de paie de l’éducation nationale affiche 690 € net par mois. Grâce au cumul d’activités, je gagne 1080€ net par mois. J’utilise mes 16 semaines de vacances pour nourrir mon autoentreprise et tenter de relever mon niveau de vie. Il m’est impossible de me projeter au-delà d’une année. Pourtant, j’ai la chance de faire ce que je sais et ce que j’aime faire.
A présent mère de famille, le manque de visibilité inhérent à la fonction d’AESHI et l’absence de perspectives d’évolution me poussent à réfléchir à une reconversion professionnelle. Je découvre alors une nouvelle forme de précarité liée à mon contrat : si je refuse de renouveler une cinquième fois mon contrat en septembre prochain, l’éducation nationale me considèrera comme démissionnaire et refusera, de ce fait, d’ouvrir mes droits au chômage.
Par cette lettre je vous demande à vous, acteurs de l’inclusion des élèves en situation de handicap en milieu scolaire ordinaire, de bien vouloir entendre les remarques que vous m’avez proposé de vous
soumettre. Je ne peux que souhaiter la revalorisation du statut d’accompagnant d’élève en situation de handicap et espère, qu’à terme, cette fonction soit reconnue et respectée par ceux qui l’ont créée. Dans le cas contraire, peut-être serait-il judicieux de nous permettre de quitter cette « fonction » dignement en nous laissant la possibilité d’ouvrir nos droits d’allocation chômage.
Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’assurance de mes respectueuses salutations et reste disponible pour tous développements complémentaires à ces remarques.[/bleu]

[bleu]Melle FELICITE Marielle[/bleu]

[bleu]TEMOIGNAGE d’une AVS : la vie au quotidien[/bleu]

[bleu]TEMOIGNAGE d’une AVS : la vie au quotidien[/bleu]